Cette éternelle question agite les foyers depuis des générations. Alors que les amoureux des chiens vantent leur fidélité sans faille, les adeptes des félins défendent leur subtile complicité. Mais que dit vraiment la science ? Les dernières recherches apportent des réponses surprenantes qui bousculent bien des idées reçues.
Loin des simples préférences personnelles, nous allons explorer comment ces deux espèces expriment leur attachement – et pourquoi nous réagissons si différemment à leurs démonstrations d’affection.
L’affection canine : une démonstration hormonale
On le sait, le chien est souvent qualifié de « meilleur ami de l’homme ». Mais cette réputation repose-t-elle sur des bases scientifiques solides ? Apparemment oui, et la réponse se trouve peut-être dans nos hormones.
Prenez l’étude du chercheur japonais Takefumi Kikusui. Elle révèle quelque chose de fascinant : quand un chien et son maître se regardent dans les yeux, leur taux d’ocytocine l’hormone de l’amour et de l’attachement – monte en flèche. Chez le chien, cette augmentation atteint 57% après un contact avec son humain. Un chiffre qui donne à réfléchir.
Et les chats dans tout ça ? Leur taux d’ocytocine n’augmente que de 12% dans les mêmes conditions. Une différence qui saute aux yeux, littéralement.
D’ailleurs, observez autour de vous : les propriétaires de chiens ont tendance à interagir davantage avec leur animal. 76% d’entre eux jouent régulièrement avec leur compagnon à quatre pattes, contre 65% pour les maîtres de chats. Plus révélateur encore, près des deux tiers des propriétaires de chiens cherchent activement du réconfort auprès d’eux. Preuve que cette relation fonctionne dans les deux sens.
L’attachement félin : plus subtil mais bien réel
Ah, les chats… Ces êtres mystérieux qu’on accuse souvent d’indifférence. Mais est-ce vraiment le cas ? La science commence à réhabiliter nos amis félins, révélant une forme d’attachement plus discrète mais bien présente.
Une étude publiée dans « Current Biology » a fait parler d’elle. Les chercheurs y démontrent que les chats s’attachent à leurs humains d’une manière comparable aux bébés ou… aux chiens ! 64% des chatons étudiés montraient clairement moins de stress lors des retrouvailles avec leur maître après une séparation.
En France, où les chats sont presque deux fois plus nombreux que les chiens (13,5 millions contre 7,3 millions), cette relation particulière saute aux yeux. Marine Grandgeorge, chercheuse à l’Université de Rennes 1, l’explique bien : « Un chat peut avoir des effets anxiolytiques mesurables sur son propriétaire. » Rien que ça.
Et qui n’a jamais ressenti cette étrange sérénité quand son chat vient se blottir contre soi ? Le ronronnement, cette vibration apaisante, le regard mi-clos de contentement… Autant de signes qui, à y regarder de plus près, trahissent une affection bien réelle.
Comparaison directe : ce que disent les études
Alors, qui l'emporte dans cette bataille de l’affection ? Les études comparatives penchent plutôt du côté canin, mais avec des nuances intéressantes.
L’université de Copenhague a mené l’enquête auprès de 2 000 propriétaires européens. Leur outil de mesure ? La Lexington Attachment to Pets Scale. Les résultats sont clairs : les chiens bénéficient d’une estime affective plus marquée. Leurs maîtres sont non seulement plus attachés, mais aussi prêts à investir davantage dans leur bien-être.
Cette tendance se confirme dans une autre étude européenne menée au Danemark, en Autriche et au Royaume-Uni. Les propriétaires de chiens montrent des scores d’attachement plus élevés, assurent plus fréquemment leurs compagnons et acceptent de payer davantage pour leurs soins.
Mais attention à ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Comme le souligne John Bradshaw, expert en comportement félin à l’Université de Bristol : « Les chats nous traitent comme des congénères, alors que les chiens ont développé des comportements spécifiques pour interagir avec nous. » En clair ? Nos amis félins nous considèrent comme des « grands chats » ce qui explique peut-être leur approche différente de l’affection.
Facteurs culturels et individuels : l’affection au prisme de nos perceptions
L’affection animale ne se mesure pas qu’en hormones ou en comportements observables. Notre propre perception, influencée par notre culture et notre personnalité, joue un rôle clé.
Saviez-vous par exemple que les Danois montrent une préférence bien plus marquée pour les chiens que les Britanniques ? Ces variations culturelles s’expliquent par des histoires de domestication différentes et des traditions propres à chaque pays.
Et puis, il y a ces petites différences individuelles qui font toute la magie de la relation homme-animal. Certains seront sensibles à l’enthousiasme débordant d’un chien, quand d’autres préféreront la discrète présence d’un chat. Question de tempérament, sans doute.
Une question de bonheur mutuel
Au-delà de la simple affection, que nous apportent réellement ces animaux ? Les chiffres sont éloquents : 36% des propriétaires de chiens se déclarent « très heureux », contre seulement 18% des propriétaires de chats. Un écart qui interroge.
Mais les chats prennent leur revanche sur un terrain inattendu : la santé cognitive. Des études montrent qu’ils pourraient mieux préserver la mémoire et les fonctions langagières chez les personnes âgées. Preuve que l’affection, sous toutes ses formes, a des bienfaits variés.
Conclusion : deux langages d’amour différents
Alors, qui est le plus affectueux ? La science nous montre surtout que chiens et chats expriment leur attachement de manière radicalement différente.
Les chiens jouent la carte de la démonstration ouverte : regard langoureux, queue qui frétille, excitation au retour du maître… Le tout soutenu par un véritable feu d’artifice hormonal. Impossible de s’y tromper.
Les chats, eux, pratiquent l’art de la subtilité : un frottement discret contre la jambe, un regard appuyé, une présence silencieuse mais constante. Leur affection se mérite et se décrypte.
Finalement, plutôt que de chercher un vainqueur, ne devrait-on pas simplement célébrer cette diversité affective ? Après tout, n’est-ce pas cette richesse qui fait le charme de nos relations avec les animaux ? Comme souvent, la réponse se trouve peut-être dans cette maxime : à chacun son style d’affection, et à chacun le compagnon qui lui correspond.